mardi 5 janvier 2016

Simone, qu'est ce que t'es bonne!

Noël ressemble a certaines bouteilles de grands crus. On en rêve, on les espère un moment, et puis, quand on les ouvre, elles ne sont pas à la hauteur. Sans doute parce qu'on a attendu trop longtemps, et que par définition, les rêves ne se réalisent jamais. 
Si la magie de Noël ne déroge pas à cette règle des attentes infondées, les jolis flacons, eux, sont finalement parfois de réelles surprises.




Ainsi ce Château Simone, en cave depuis six mois, que je n'avais jamais goûté et qui était sur ma liste des "must taste". Une AOC parmi les plus petites de France, Palette, située en Provence. Région bénie où l'on assemble plus de deux cépages, bien loin de la pingrerie bordelaise qui se borne à alterner Merlot et Cabernet... pour un résultat plus profond, plus fin, tout en gourmandise. Si c'est le blanc qui a fait la renommée du lieu, nous avions là un Rouge 2011, marié avec des palombes rôties. Il y avait de la confiture de mûre, un brin d'herbes de garrigue, une belle onctuosité et une longue finale entre fruits noirs et poivre. Ce fut un condensé de douceur dont on aurait bien repris un peu. 


Quand on a passé 6h30 (en deux fois) à réaliser ZE gâteau du réveillon, sous la contrainte "il doit plaire à tout le monde"(comprenez les adultes et les enfants), on peut bien s'adjuger une quille à la hauteur de l'exploit. Crac, c'est l'heure de la bouteille de Château Guiraud 2002, qui sommeillait en bas du réfrigérateur depuis presqu'un an (ne tirez pas de suite). Ce n'est pas de ma faute, plus personne n'aime le Sauternes, même dans mon entourage vineux... les quelques amateurs éclairés qui demeurent prétendent qu'ils doivent conduire si on leur place le Sauternes en dessert, et préfèrent des bulles si c'est un apéritif. Bref: Guiraud 2002. Du miel millefleurs, des zestes de citron et d'orange confits, du coing aussi, et une touche délicatement épicée. Tant de sucre et tant de légèreté réunis en un seul verre, ça, c'est un vrai miracle de Noël. 



On est allés au Domaine de Vodanis, à Vouvray, où on a bullé gentiment, et dégusté des choses marrantes mais surtout des très grandes choses, notamment un Vouvray moelleux de 1977, fringant comme un octogénaire allant au bal des pompiers. La fois précédente j'avais pris des notes, cette fois ci j'ai choisi de me concentrer sur la dégustation sans écrire, et ce que je retiens donc de la vingtaine de vins que nous avons goûtés, c'est un fil très fin mais droit tendu dans chaque cuvée, une élégance maîtrisée et loin du m'as-tu-vu, plus proche de la rigueur de caractère que de l'exercice technique autour de la minéralité. 




https://www.facebook.com/Domaine-de-Vodanis-179619385399426/?fref=ts

Et puis comme l'esprit de Noël il faut savoir garder jusqu'à la dernière seconde, on s'est fait un petit civet de sanglier dimanche. La bestiole a failli ne pas rentrer dans la cocotte, d'ailleurs. Une fois qu'elle avait correctement mijoté et que l'appartement était parfumé à la marinade, il fallait bien accompagner le festin d'une petite bouteille. Genre la dernière avant les bonnes résolutions et tout le bordel. Alors monsieur est allé chercher une Demoiselle d'Alphonse Mellot, et moi qui d'habitude ne pinote pas plus que ça, j'ai fondu devant cette très charmante personne. Collet monté comme une gouvernante britannique, et pleine de ressources comme les majordomes de films. Tout en retenue, mais avec une large palette de notes autour de la cerise, un peu de poivre et à l'aération, du cacao.



Bref, c'était Noël mode hiver 2015. Nous voici désormais à l'heure de la pluie et du thé vert. Je suis bien trop humide pour être de bonne humeur et pense prendre assez rapidement une bonne résolution: goûter, de nouveau. 


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