lundi 20 octobre 2014

Le point 0 de la dégustation #rebellion

Je ne sais pas si mon foie tiendra mieux que celui d'une apprentie sommelière canadienne ( http://apprentiesommeliere.com/maladie-du-sportif-du-vin/ thanks to Vincent Pousson)  Toujours est il que pour gagner le droit de faire vivre d'incroyables aventures à cet organe mais surtout à mes papilles, j'ai tout d'abord envoyé en mai un loooonnngg dossier plein de belles motivations, et puis confié par la suite à l'université une belle partie de mes pseudos économies. 

Bref, je suis étudiante du DUAD. 


Me voilà sur les bancs d'un amphi (au prix ou on paie, c'est pas bien confortable!) à lire des polycopiés (la forêt amazonienne, l'ère du digital, toussa...) et zou, première dégustation, dans des conditions ma foi bien professionnelles. 
Une première question me vient au fond de mon box (d'ailleurs c'est vachement plus pratique que l'amphi pour tweeter, on pourrait presque y faire les mots croises, en souvenir du bon vieux temps): c'est bien d'apprendre à déguster dans une salle pressurisée, avec eau osmose et tout le tintouin: mais ça a quoi d'une degustation réelle? Alors que je peux désormais fièrement afficher deux vinifications à mon tableau de chasse, je peux fièrement dire que j'ai dégusté du vin chaud (et oui, une levure, ça bosse! ) dans des contenants pas vraiment certifies par l'inao ... 



Bref, tout le monde ne met pas de gants pour faire un remontage, mais... Profitons de ces conditions "idéales" qui me sont offertes grâce à ce formidable statut de vieille étudiante. ( oui, vieille: au delà de 28 ans, il ne faut plus espérer aller au cinoch pour pas cher!)
Première dégustation, quatre verres d'eau, et un aromatise au saccharose... Mais c'est qu'ils sont blagueurs ces professeurs! Et puis des solutions et nos premiers vins...derrière les vitres de nos box flambant neufs, nous osons quand même des bribes de commentaires. Et la, une phrase me glace: ne vous inquiétez pas, d'ici quelques mois, nous aurons tous les mêmes mots pour décrire ce vin. Heu?! Mais je ne veux pas parler du vin comme tout le monde moi! Si je me suis prise de passion pour ce doux breuvage, c'est pour sa non conformité! Mais que venais je donc faire en cette galère?
Je ne sais pas a quoi ressembleront nos commentaires, dans quelques mois. J'ignore sur quels critères nos mignons petits palais vont être évalués. Mais s'il faut écrire clou de girofle sans faute, je n'ai aucune chance: je n'en utilise jamais en cuisine,  je ne connais donc ni son atome, ni sa saveur...
Bon, cette formation a avant tout pour but d'acquérir des bases techniques solides permettant d'aller plus loin dans nos métiers et dans nos dégustations. C'est sans doute ça que voulait dire monsieur le professeur: d'ici quelques mois, nous maîtriserons tous (sauf les cancres) les dessous techniques de la dégustation. D'ici a ce que nous utilisions tous les mêmes mots... Luckily enough, depuis cette phrase sentenciere, le contenu technique des cours m'a passionnée et consolée.


Si j'avais aime l'uniformité, j'aurais travaillé pour une industrie. Vendu des tapis ou des cafetières très chères. Je n'aime pas le comme tout le monde. 
Mon poil se hérisse quand au début du mois d'octobre les experts jugent déjà que le millésime est fichu sur une rive ou l'autre. Comme si d'un domaine à l'autre tout était égal. Je suis allée mettre mes jolies mimines quasi manucurées dans de grandes cuves de merlot pour me rappeler que justement, le vin c'est des Hommes. C'est de l'émotion. Ce sont les cinq sens éveillés. 
Merci à celui qui m'a fait confiance pour ce millésime 2014 (millésime du siècle, of course, 102/100 a venir). On a fait des vinifs pas pareilles. J'ai mis ma musique pas pareille au milieu de cuves et autres objets hétéroclites. Et c'était bon.



Restons (...)les maillons les plus importants de la chaîne (...) buveurs très précieux qui faites vivre la production vinicole et aidons à la métaboliser. (Émile Peynaud, le goût du vin, préface. PS: il écrit bien ce monsieur !)