mardi 5 mai 2015

Tant qu'il y a du vin il y a de l'espoir

Traverser le vignoble de Saint Emilion, tout classé à l'Unesco qu'il soit, un 1er mai sous une pluie digne de la belle saison à Brest, a quelque chose d'angoissant. 
Frissons qui s'intensifient quand tout autour de toi tu aperçois des parcelles jaunies par l'utilisation du produit-dont-il-faut-taire-le-nom. 

Le premier domaine, Faugeres, est une véritable vitrine, un musée technique dans un écrin architectural moderne. Tout a été pensé, tout sent l'investissement de haute volée, mais le maître de chai ne sait pas parler de vignes, et les différents intervenants ont tous un discours différent...c'est impressionnant mais c'est lisse. Trop propre, trop imposant. Comme les vins. Oui il y a de la structure, mais il n'y a pas d'âme. 




Château Fombrauge. Une demeure magnifique et un vignoble qui ne l'est pas moins. Mais partout, des craquelures. Il y a cinq grands drapeaux qui battent au vent, ça fait très touristique. Mais les remorques n'ont pas été rangées, les poubelles en plastique non plus... Les lustres ne sont plus tout à fait droits...on sent le faste passé, comme si l'élégante chartreuse tombait doucement dans l'oubli. Ils font du blanc, c'est une découverte, plutôt étonnante et plutôt agréable. 


Et puis la surprise, the surprise, la cherry on the cake: château mangot. Comme la famille todeschini sait faire parler d'elle, j'en étais devenue curieuse. 
D'abord j'admire l'outil... De travail bien entendu. Un chai flambant neuf, construit avec une belle logique, simple, efficace, que tu aimerais entendre chanter les levures dedans. L'esprit aussi, on essaie, on cherche, du parcellaire, de l'intégrale...on parle d'histoire surtout, des générations d'avant. On a l'humilité de reconnaître que l'on est simplement de passage, qu'on pose juste sa pierre dans un édifice d'une toute autre stature. 




Et puis les vins. Bam. Claque. Fruité, fin. Y'a rien en trop. Ça n'essaie pas d'impressionner, c'est fait pour le plaisir et ça marche. C'est précis, juste du nez à la finale. Je ne parle même pas du censuré puisque chuuuuuut, il est confidentiel. Ce jeune rebelle est une petite bombe de fruits. Quand au Château, il va falloir réussir à le laisser dormir parce qu'il a autant d'herbe sous le pieds que les rangs de vigne juste au dessus...

Il pleut sans cesse sur Bordeaux, mais quand on sort de mangot, on a le sourire tout de même.