lundi 27 avril 2015

Out of Bordeaux (sur un fond de requiem)

On reprend ses études, on veut apprendre, on essaie de comprendre et puis l'on doute. On se confronte à ses démons.
J'ai voulu marquer mes connaissances vins par un diplôme... une façon de me prouver de nouveau à moi même que je suis faite pour ça "Pour de vrai". Mettre une barre et l'atteindre pour confirmer ses choix.
Peut être que je ne passerai pas la barre, mais j'ai appris. Appris encore et plus qu'à Bordeaux, le vin est une caste. Il est difficile d'y rentrer, et elle exige un profil droit et carré. Une façon de vinifier, une façon d'être. Y'a les grands crus et puis "le reste". Et le reste bouhhhhhh! rassemble les petits qui osent thermovinifier, parce qu'ils veulent faire des petits vins pas prise de tête vite mis en marché... d'autres qui font du bio et n'achètent pas, ô scandale, les sacro saints produits vendus par les labos. Qui prennent le risque de ne pas contrôler le début et la fin de leur fermentation. Mon dieu, laisser faire le temps, mais quelle idée...Et ceux qui oseraient vinifier sans soufre. Ne pas coller, ne pas filtrer! Elaborer des vins qui ne seront pas de garde!
J'ai découvert que dans cette partie isolée du monde, être bloggueur c'est presque une insulte. Le vin sur internet ? Aucune importance, madame, je vous l'assure. Et un amphithéâtre qui applaudit à tout cela.
Alors oui, j'ai voulu apprendre, et maintenant j'ai compris. J'aime toujours le vin, mais pas le même qu'eux. Ce ne sont pas les grands crus de palais aux tapis rouge qui me font frissonner. Ce sont les petits, les discrets, ceux que l'on découvre par hasard. J'ai mes vins d'Homme. Ceux qui racontent une histoire qui me berce. J'aime être subjective en dégustation, parce que cette cuvée, elle est toujours meilleure quand le vigneron vous la sert que dans la grisaille de votre appartement de banlieue.
Ca, c'est la vie. Les échanges, les rencontres. Ca, c'est le vin, pour moi.
Heureusement, j'arrive encore à ressentir ces émotions, entre deux révisions de ma fiche de molécules (ethyl4phénol, éthyl4gaïacol, aminoacétophénone, benzaldéhyde, massoialactone...)
Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, et bien je dois être un peu stupide. car ces heures d'enseignements dispensées par les plus hautes autorités viti vinicoles n'ont fait que confirmé mon entêtement à aimer les petits vins, ceux qu'on aperçoit par une porte entrouverte...


Parce qu'un vigneron, un vrai, c'est celui qui prend trois heures sur son weekend de Pâques pour t'expliquer comment il applique les méthodes du vin à ses cidres. Qu'il étudie chaque pommier comme un cep, qu'il mute, qu'il fermente, qu'il fait des cueillettes tardives. Qu'il tâtonne, qu'il essaie. Il ne compte pas les bouteilles à goûter. Il veux entendre des critiques. Bref, dans ses bouteilles il y a du coeur, et dans ses yeux, des étoiles.


Il y a un peu de volatile, oui, mais le vin est vivant. Depuis quand déguste on à partir d'une feuille d'analyse ?

Il y a ce professeur du lundi matin, inattendu, qui amène de son jura natal des vins oui, mais du comté aussi. Parce que les histoires de terroir, elles fonctionnent aussi pour les fromages. Parce que cette histoire là, c'est un tout. Mais quand je suis sortie de salle de dégustation, pour la première fois, j'ai ressenti le besoin d'aller lui dire merci parce que vraiment, j'avais passé un bon moment. Simple, évident, savoureux.

















Je repartirai de là avec ou sans diplôme, mais plus riche. Mes émotions vineuses sont de plus en plus à fleur de peau...

https://www.youtube.com/watch?v=-chI3NlBcHE